Carnet de voyage – Le Népal par Sylvain Bouzat

On dit jamais deux sans trois ! Après l’Inde et les Balkans, le Népal est donc le troisième carnet de voyage que le photographe Sylvain Bouzat nous fait le plaisir de partager sur le blog. 🙂

Et quel voyage ! Ses photos argentiques sont tellement belles qu’elles me laissent à chaque fois presque sans voix ! C’est beau, c’est pur, authentique et terriblement inspirant.

Je vous laisse avec lui, il va tout nous raconter sur ce voyage de deux semaines au Népal.

Amélie

C’était ta première fois au Népal ?

C’est la troisième fois. La première fois j’avais rejoint un ami d’enfance avec lequel nous avons traversé le pays à deux sur une moto avec nos sacs à dos sur les flans. La seconde fois je suis parti seul afin de documenter les rues de la vallée de Katmandou. Pour cette troisième fois, J’ai retrouvé mon ami Jacob, un photographe argentique très réputé à l’international (photos de mariage et photos de voyage) à Katmandou. Il arrivait d’un trip photo en Inde et moi je venais de quitter le Bhoutan après avoir shooté plus de 75 rouleaux de pellicules.

Étape 1 – Katmandou

Parle nous de l’itinéraire

Ce passage au Népal fin Novembre 2018 a duré environ 2 semaines. Je n’ai pas vraiment organisé ce voyage. Avec Jacob, nous voyageons de manière « organique », sans plan de route, au jour le jour. On se retrouve à Katmandou et on décide de ce que l’on veut faire selon l’humeur, la météo et au grès de nos rencontres qui sont souvent très intéressantes.

Pour commencer, nous sommes restés quelques jours à Katmandou, afin de shooter les ambiances de rue et également pour retrouver les connections que j’ai pu établir la bas.

Puis nous sommes passés rapidement à Bouddhanath Stupa pour shooter ce lieu mythique de pèlerinage bouddhiste. Des milliers de pèlerins traversent l’Himalaya (à pied pour certain, et même en se couchant à plat ventre à chaque pas pour prier sur des centaines de km pour les plus fervents) Ce lieux, qui a servi de tournage pour le film Little Bouddha, est magique. (Privilégiez plutôt le matin très top au lever du soleil, l’ambiance est plus calme pour profiter des lieux.)

Ensuite nous sommes allés à Bhaktapur, une ville Newar (les premiers habitants de la vallée de Katmandou) dont le centre historique est construit en brique ocre. Les couleurs sont incroyables. Les pellicules argentiques, qui captent des nuances de couleurs que les capteurs numériques n’arrivent pas à enregistrer, révèlent la beauté des lieux. De mes précédents voyages, j’ai pu imprimer des tirages de portraits. Le centre ville étant assez petit, j’ai pu retrouver quelques personnes pour leur donner une photo d’eux-même. C’est un moment unique de partage et d’échanges, avec des réactions incroyables que je ne peux décrire. Nous avons passé quelques jours dans cette ville et avons pu nous faire accepter quelques jours dans un temple bouddhiste. Nous avons suivi des petits moines, notamment le matin aux aurores pour leurs petit déjeuner et la cérémonie du Tak Bat (comme au Laos) : les moines marchent en fil indienne et pieds nus dans la rue pour récolter, dans un petit bol, des poignées de riz donnés gracieusement par les laïcs, au son d’une musique envoutante.

Avec Jacob, nous avions en tête de partir à l’aventure quelques jours et près de populations reculées. Nous avons ciblé une zone un peu perdue, qui a été le centre du tragique tremblement de terre de 2015 et qui a ravagé le Népal. L’idée étant de documenter la vie des habitants d’une vallée extrêmement pauvre et rurale quelques années suite au séisme. Nous souhaitions ramener des images qui ont du sens et témoigner de la vie de ces personnes.

Grâce à un contact d’une connaissance d’un ami d’un copain (etc.. !), nous avons échangé avec Bhuwan, un jeune étudiant très engagé dans le développement durable de son pays. Ce népalais très sympathique, nous a accompagné gracieusement et servi de traducteur afin de pouvoir communiquer et comprendre leur vie. Nous sommes donc partis dans une vallée assez difficile d’accès après une journée de 4X4 communautaire et rempli de népalais (on peut monter à 8 dans un 4X4 en se serrant à fond !) sur des chemins complètement défoncés. Arrivés dans une petite ville de la vallée (Charikot), nous avons marché et fait du stop dans une direction choisie au hasard. Le but n’étant pas la destination mais plutôt le trajet et ses surprises.

Durant 4 jours nous avons rencontré des personnes extraordinaires. Extraordinaires de simplicité et d’ouverture. Ces personnes nous ont accueilli le soir car nous n’avions pas de toit pour dormir. En effet, nous avons marché au feeling et le soir venu, nous avons toqué à la porte de familles népalaises pour demander une place au coin d’un feu avec un toit pour dormir. Ces familles nous ont nourri, fait bouillir de l’eau au feu de bois pour que nous puissions nous hydrater (il y a beaucoup d’endroits où les gens ne boivent pas d’eau en bouteille mais l’eau de la rivière), ils nous ont prêté leurs couvertures et laissé un petit coin pour dormir par terre. Les conditions étaient très « rustiques » mais le plaisir de vivre ces moments en leur compagnie était infiniment puissant. Je ne peux pas vraiment décrire cette expérience car il faut la vivre.

Nous avons partagé des instants précieux en toute simplicité et avons pu en savoir plus sur le drame qui à bouleversé et détruit beaucoup de vies et d’habitations autour d’eux. Nos appareils photos les impressionnaient un peu et ils restaient assez sérieux quand nous prenions des clichés et notamment des portraits. Mais je vous assure que leur joie de vivre est contagieuse et remet en question notre manière de vivre, à nous occidentaux…

Je remercie de tout cœur Bhuwan d’avoir accepté de nous accompagner dans ce projet. Grâce à lui nous avons été au cœur de cocons familiales de népalais et avons pu échanger facilement.

Après quelques jours à marcher sur des sentiers himalayens, nous sommes repartis pour Katmandou. En effet, un avion m’attendait pour décoller à New Delhi. Je souhaitais retourner seul dans cette ville (suite à mon voyage en Inde de 2017) pour me perdre une nouvel fois dans le chaos et l’incroyable énergie de ces rues bondées… mais ça c’est encore un autre voyage et une autre expérience !

Étape 2 – Bouddhanath Stupa

As-tu des conseils à donner aux voyageurs qui souhaiteraient visiter le Népal ?

Le Népal est un pays très facile car très touristique. Beaucoup d’amoureux de la montagne vont découvrir l’Himalaya au Népal. Il y a tout les types d’infrastructures, la vie n’est pas très cher et il est assez facile de trouver son bonheur. Les népalais sont vraiment super sympas et très joyeux. Il est donc facile de connecter avec eux et de créer des ambiances très amusantes, car ils ont un sens de l’humour très développé.

Faites attention si vous deviez prendre la route en moto ou scooter, la circulation est assez rock’n roll surtout à Katmandou où même traverser la route peut s’avérer dangereux à certains endroits. Si vous optez pour une moto, faites extrêmement attention, la circulation est vraiment « freestyle » et dangereuse, j’ai vu beaucoup d’accidents et d’accrochages. Par contre c’est une expérience unique avec un sentiment de liberté immense.

Mon meilleur conseil pour le Népal est de s’éloigner des endroits touristiques et de découvrir la vie simple des villageois qui n’ont pas l’habitude de voir des étrangers. Les situations sont souvent amusantes et enrichissantes.

Les + et les – de cette destination ?

Je retiens vraiment les sourires et la joie de vivre des Népalais. Ils sont vraiment sympa avec beaucoup d’humour, et donc facile d’accès. Les contacts sont très simples et c’est intéressants de pouvoir connecter avec les népalais.

Je ne vois pas trop de points négatifs concernant cette destination, à part peut-être un peu trop de touristes. Mais bon, ils sont souvent tous dans les mêmes endroits (centre de Katmandou, Pashupatinath, Pokhara, le trek des Anapurnas (surnommé l’autoroute du trek, Bhaktapur, etc…) mais il est également facile de sortir de ces lieux touristiques et d’aller explorer des petites vallées plus calmes.

Étape 3 – Bhaktaphur

Ton plus beau souvenir ?

Sans aucune hésitation, notre escapade dans la vallée perdue. C’était assez dur physiquement car on n’a pas mal marché, on était toujours en action ou très concentré (photos, connexions avec les népalais). On dormait par terre et on a eu bien froid, on ne s’est pas lavé pendant quelques jours, mais cette expérience était tellement magique et puissante que je n’ai pas les mots pour l’exprimer. Partager les repas au feu de bois et le quotidien de ces personnes, nous ouvre les yeux sur notre confort acquis. Nous avons aussi pris conscience que pour nous faire bouillir de l’eau pour ne pas être intoxiqué, ces personnes ont dût aller ramasser du bois et porter de l’eau (toujours avec le sourire)…Cela fait intensément réfléchir sur nos petits tracas du quotidien.

Tes bonnes adresses, les trucs à ne surtout pas manquer !

Je recommande de visiter les sites touristiques très tôt le matin. C’est quand même plus confortable. J’invite également les voyageurs à ne pas hésiter de discuter avec des Népalais (ou se faire traduire). Ils sont de bon conseils et trouveront toujours ce que vous cherchez.

Sinon, et comme toujours en voyage, je vous recommande de vous faire votre propre expérience et de suivre votre instinct. Il n’y aura jamais de mauvais choix, car au pire vous apprendrez de vos erreurs et au mieux vous vivrez une aventure unique que vous n’auriez jamais accomplie si vous l’aviez préparée. Au final ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage pour y arriver.

Étape 4 : La valée perdue