Bonjour à tous,
Après un sublime article sur l’Inde, le talentueux photographe Sylvain Bouzat nous fait le plaisir de revenir avec un nouveau carnet de voyage, cette fois-ci à travers les Balkans. Une destination plus accessible mais non moins intéressante.
Qu’est-ce que j’aime ses photos argentiques ! J’aime son oeil et sa façon de photographier les habitants, son travail est un cadeau pour les yeux.
Je vous laisse en juger par vous-même.
Amélie
Hello Sylvain, avant de commencer, peux-tu nous (re)parler de toi ?
Bonjour à tous ! Je suis photographe de mariage à Lyon et j’ai la chance d’accompagner des couples en France, en Europe et parfois un peu plus loin. Je photographie et documente des instants qui ont du sens à mes yeux, de manière photo journalistique avec une pointe de style éditorial.
J’aime les relations humaines, les interactions verbales, physiques et non verbales qui créent des liens entre les mariés, les familles, les témoins et les invités. J’ai beaucoup développé mon regard ces dernières années en mettant l’accent sur l’aspect relationnel, émotionnel et sur le vif. Tout au long de la journée, je reste ainsi concentré sur des instants forts et qui résonnent quand les mariés regardent leurs photos par la suite.
Mon approche photographique est assez large car j’aime explorer d’autres univers. Par exemple je suis également photographe pour des agences de communications, galeries d’artistes, etc… Je suis donc un photographe curieux et qui explore. Je possède également plusieurs projets photos personnels en cours, dont la photographie documentaire de voyage, au moyen format argentique. Il s’agit d’un appareil photo avec des pellicules un peu spéciales, assez complexes à maitriser mais le rendu est incroyable à mes yeux.
Dans cette pratique, J’essaye de conserver une approche documentaire sur le vif, alors qu’habituellement le moyen format argentique invite plutôt à des images composées, réfléchies et statiques. Par exemple c’est normalement un très bon outil pour les photographies de modèles qui posent. Je joue sur cette difficulté pour capturer des images avec une vision « documentaire et moderne » avec les contraintes (que 16 images par pellicules, mesurer la lumière, noter ses pellicules, gérer ses stocks, le focus est manuel, etc… ) de ce matériel plutôt lourd et pas trop adapté à la photographie de voyage. (Plus de 3kg de pellicules Kodak à trimballer sur mon sac à dos lors de mon dernier voyage au Népal et en Inde en novembre dernier.)
Loin des images retouchées, numériques, traitées et à mes yeux « sans âme », les imperfections et le rendu inégalable des pellicules sont pour moi d’une grande richesse. C’est un mode photographique très peu pratiqué en voyage mais qui permet de respirer et de rester connecté avec les gens, les lumières et les endroits. (Concrètement on ne peut pas regarder son écran toutes les 2 minutes, on ne sait pas ce que l’on prend en photo en direct et on attend plusieurs semaines avant que le laboratoire photo nous renvoie les scans. La prévisualisation des images lorsque le labo t’envoie les scans n’a pas de prix. C’est un mélange d’excitation, de doute, de joie et de curiosité, un peu comme les cadeau de noël étant gamin.)
En adoptant une approche documentaire durant ces voyage, Je retrouve ainsi le contact avec des étrangers que j’ai développé en photographiant des mariages ou vice versa. Le but est de créer une connexion et d’être en totale harmonie de l’instant avec des inconnus.
C’était ta première fois dans les Balkans ? Avec qui as-tu voyagé ?
La première fois ! Je suis parti avec ma femme (avec qui nous avons l’habitude de beaucoup voyager) depuis Lyon en voiture. Le but était de réaliser une sorte de road trip aller retour jusqu’en Grèce.
Peux tu nous détailler l’itinéraire ?
Ce voyage a duré un mois. C’était en Aout 2018. Notre objectif était surtout de rester 2 semaines en Albanie afin de découvrir ce pays. Comme souvent, nous n’avions pas vraiment de plan de route, on improvise un peu au jour le jour et c’est ce qui fait la force de ces voyages. Généralement, je prends une carte et je regarde les points qui semblent intéressants et à partir de là, je garde en tête que tout se déroulera au feeling. J’aime garder cette liberté de ne pas savoir où l’on sera demain ou après demain. Le voyage est plus riche, plus imprévisible et intéressant.
Nous sommes donc partis de Lyon, avons visité le Lac de Garde en Italie, puis nous sommes allés en Slovénie (parc National du Triglav, Bled et la belle capitale de Ljubljana). Nous avons traversé la Croatie, puis sommes un peu restés en Bosnie (Banja Luka puis la petite route jusqu’à Mostar) ; Nous avons poursuivi notre périple sur des petites routes pour rejoindre le Monténégro jusqu’aux magnifiques gorges de Kotor.
En continuant vers le sud nous sommes arrivés en Albanie par une petite frontière et avons rejoint la ville de Shkoder, où tous les habitants sont en vélo, j’ai adoré cette ville. De là nous sommes partis pour la capitale Tirana en passant par Krujé. Bien évidemment, la capitale m’a conquise car l’histoire de l’Albanie est assez complexe avec des moments sombres qui ont marqués un peuple. Les Albanais sont sortis d’un régime communiste dictatorial très sévère, renfermé sur lui même et violent, en 1991. Je vous invite à vous documenter sur l’histoire de ce pays qui est unique en Europe. Les habitants de l’Albanie sont extrêmement gentils, parfois un peu méfiants pour les plus anciens, à cause de mon gros appareil qui peut rappeler de très mauvais souvenirs liés à la dictature et « au flicage » permanent des populations.
Nous sommes ensuite allés à la ville de Korcé (en passant par Elbasan, Lin aux frontière de la Macédoine, Pogradec).
S’ensuivi la sublime ville de Berat, Vlora, Girokaster, Ksamil et puis la traversé de la frontière Grecque pour finir à Igoumenitsa.
En cours de route, nous avions bien compris que revenir en voiture jusqu’à Lyon serait une sacrée expédition (ma femme avait oublié son permis, ce qui ne l’a pas empêché de conduire un peu !) donc nous avons décidé de prendre le bateau depuis Igoumenitsa jusqu’à Ancône en Italie, puis de rejoindre Lyon via Bologne.
ETAPE 1 – LAC DE GARDE ITALIE
ETAPE 2 – BOSNIE
ETAPE 3- MONTÉNÉGRO
As tu des conseils pour visiter les Balkans ?
Je vais surtout parler de l’Albanie, car c’était le cœur de notre voyage. Le pays est encore très peu visité par les touristes, notamment la partie qui ne touche pas la côte Adriatique. On se retrouve très rapidement parachuté dans un autre siècle et c’est pour notre plus grand bonheur. Il ne faut pas hésiter à sortir des routes principales, pour découvrir la campagne et ses habitants. J’ai vraiment aimé la ville de Korcé, son marché et les ambiances de rue. Il n’y a rien de spécifique, mais il se passe quelque chose : des sensations d’un monde si proche mais si différent, les anciens qui n’attachent pas leurs vélos dans la rue, les petits bars très animés, les échoppes artisanales. J’ai le sentiment qu’après un régime très dur, les habitants profitent de leur nouvelle vie et du temps. Au lieu d’être enfermé chez eux, les gens sont dehors, échangent et participent à la vie de rue.
Les + et les – de cette destination ?
Je vais commencer par un point négatif : la sécurité routière… Avant la sortie du régime Communiste, les habitants n’avaient pas le droit de circuler librement. Il y avait alors très peu de voitures. A partir de 1991, le transport routier a commencé doucement à se développer, mais de manière un peu « rock’n roll », sur des routes en très mauvais état. Les auto écoles sont arrivées bien bien après… En bref, vous serez surpris de la conduite albanaise. Gardez vous distances, roulez prudemment et pas de nuit (animaux errants, chauffards, routes défoncés dans certains endroits).
Les points positifs sont bien évidemment l’accueil des albanais, leur gentillesse. A noter également un niveau de vie plus faible donc un bon point pour découvrir un beau pays sans se ruiner.
ETAPE 4 – ALBANIE
À Shkoder
À Tirana
À Korcé
À Barat
Ton plus beau souvenir ?
J’ai plusieurs souvenirs marquants de ce voyage dans les Balkans. Le premier sera visuel avec une énorme orage et ciel gris dans la Baie de Kotor au Monténégro pendant une baignade. La lumière était dingue et mes photos ont du mal à restituer cet instant.
J’ai également fait deux très belles rencontres. L’une avec un vieux monsieur dans un café peu après le lever du soleil à Girokaster. Nous étions incapables de communiquer dans une langue commune, mais nous avons passé une heure face à face à se fendre la poire en faisant des gestes. Ce monsieur a insisté pour régler la note après un long débat gestuel dans lequel je n’ai pu que céder.
La deuxième rencontre qui m’a marquée, et qui a durée à peine 10 minutes, reste celle avec deux albanais (une très veille dame et son fils déjà bien marqué) en plein milieu d’une route perdue pour rejoindre la frontière Grecque. Armés de bâton, en plein milieux de nul part, ils devaient chercher leur troupeau. J’ai arrêté ma voiture pour capturer leurs portraits. Une sensation de douceur et d’extrême gentillesse contrastait de manière flagrante avec l’apparente dureté de leur existence. Ce fut bref, mais très intense comme rencontre.
À Himare
À Girokaster
Des bonnes adresses à partager ?
Faites du AirBnB, rencontrer les locaux. Ils seront ravis d’échanger avec vous et de vous donner les meilleures infos, celle qui ne sont pas sur les guides. Ils ne manqueront pas de vous offrir un café, une bière ou une poignée de main !
Vers Himaré (la ville n’est pas très belle), profitez de très belles plages (allez y hors saison pour être seul au monde) comme Gjipe Beach, Jalé… Ces petits spots risquent fort de devenir à la mode dans peu de temps. Ce fût le moment détente du voyage qui nous a fait du bien après avoir trotté et roulé pendant des heures.
Culturellement parlant, les musées sur l’histoire communiste de l’Albanie à Tirana sont à ne pas manquer, et surtout, allez découvrir les magnifiques villes anciennes de Berat et Girokaster.
*
MERCI SYLVAIN POUR CE BEAU PARTAGE !
10 Comments
Toutes les photos sont magnifiques mais les portraits sont magique!
C’est fou tout ce qu’un regard peut faire passer, il y’a beaucoup d’émotions dans ces portraits.
Bravo et merci pour ce reportage qui donne envie de partir à l’aventure sur un coup de tête!
Ces images sont magnifiques ! Et le regard que Sylvain porte sur les gens qu’il photographie est d’une telle douceur… Bravo pour ce très beau reportage !
J’adore les carnets de voyage du blog. Toujours de superbes photos qui font voyager. Merci pour ce partage sur les Balkans que personnellement je ne connaissais pas.
C’est loin mais c’est clair qu’à voir les photos ça donne envie de s’y rendre.. Au pire, un billet, un coussin de voyage, des écouteurs et quelques heures de vols et sa devrai le faire 😀
Merci pour toutes ces belles photos qui font voyager ! J’ai hâte que l’on puisse enfin recommencer à voyager, je suis déjà à la recherche d’idées de destinations. Ton article sur les Balkans a éveillé ma curiosité ! 🙂
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